Alejandro Winchester Yagi || Who Will Save You Now?

On avait obligé ses parents à se marier. On désirait qu’ils aient un enfant, que leurs Alters s’allient et se mélangent. Cela avait pris des années, mais il était enfin là, celui qu’on avait tant attendu. À ce titre, Alejandro était choyé, dorloté, surprotégé; principalement par sa mère, son père n’étant que très peu présent. D’ailleurs, il n’en garde qu’un souvenir bien flou, une grande silhouette, des cheveux blonds en bataille, mais des traits flous. Dans la tête du gamin, le mot “papa” était associé au visage émacié, mais toujours bienveillant et souriant de Toshinari Yagi. Sur les papiers officiels, d’ailleurs, il porte son nom et celui de sa mère. Jamais Alejandro n’a remis ce fait en question.

D’ailleurs, la vie lui aura donné cinq belles années entouré d’une famille aimante, dans un foyer où règne l’amour sincère. Il ne manque de rien. Même que Maman et Papa lui donne une promotion à ses trois ans : il sera grand frère. La même année, son Alter commence à se manifester. C’est qu’il est fort, le petit! Comme son père biologique, certes, mais surtout comme Oncle Might. À l’instar de bon nombre d’enfants, il ne rate jamais les combats télévisés du No. 1. Et c’est tellement amusant de l’imiter, surtout quand on est, comme lui, doté d’une force surhumaine! Bon, les gros yeux et les réprimandes de Maman n’en valent pas toujours la peine (plus d’une vilaine table basse a subi la furie de Mini Might), mais milles petites étoiles brillaient au fond de ses prunelles innocentes.

Mais bien vite, les étoiles brûlèrent une par une, et l’innocence s’envola elle aussi. Un homme - ou plutôt un monstre - s’empare de lui. Et avant qu’il ne puisse faire quoi que ce soit, sa mère est tuée devant ses yeux. Puis, Oncle Might arrive à la rescousse. L’espoir renaît dans le cœur affolé d’Alejandro. Il va tout arranger. All Might arrange toujours tout. Mais il s’est fourvoyé. All Might doit choisir : son fils ou le reste du monde. Son… fils? Le petit a beau n’avoir que cinq ans, il relie les points à une vitesse fulgurante. Et All Might, humilié, agenouillé, acculé au pied du mur, fait son choix : Alejandro avant tout le monde. Erreur monumentale.

On détruit le Symbole de la Paix. On détruit la Paix. Et le monde sombre dans l’obscurité la plus totale. Au fur et à mesure que les héros perdent en crédibilité, les vilains, eux, gagnent en notoriété. Une nouvelle ère sous le règne d’All For One commence. Et dans ce nouveau monde, Alejandro joue un rôle bien précis. Le fils d’All Might, le fils du héros déchu, le fils que personne n’ose venir réclamer. Le fils que le successeur du héros a tenté de libérer, mais qui s’est vu être brisé à son tour. Il est encore petit, mais All For One prépare déjà son avenir. L’enfant devient adolescent, l’adolescent devient un jeune adulte. On le conditionne au combat, on teste les limites de ses Alters. À la fois cobaye et gladiateur, on l’utilise pour tester armes et substances diverses. Pendant des années, son corps et son esprit sont malmenés, alors qu’on le torture aussi bien physiquement que psychologiquement. Fils de héros finit par apprendre qu’il n’en est rien. Fils de héros comprend qu’il est tout le contraire : un paria, un fils de criminel. L’humanité aurait donc sombré pour un fils de rien?

Cette fatalité le hante. Il ne peut s’en défaire. Et pourtant, une infime petite lueur d’espoir continue de briller en lui. La flamme est faible et menace de s’éteindre au moindre courant d’air. Mais devant ses yeux fatigués s’est ouvert une brèche. De la brèche, on lui tendit une main. Cette main lui offrait la chance de réparer les erreurs du passé. Réparer. Alejandro ignore s’il en est capable, mais l’occasion de revoir sa mère, et de faire payer son père, est beaucoup trop tentante pour refuser l’offre et rester croupir là, à la merci d’All For One.

Alors Alejandro se lève et retourne 18 ans plus tôt. Retrouver Maman. Protéger ceux qu’il aime. Faire payer au centuple All For One pour tout ce qu’il a pu faire. Et montrer à tous qu’il n’est pas “le fils de”... en ressemblant peut-être un peu trop dangereusement à son géniteur. Deathblow est prêt à porter le coup de grâce.