- Mama ?
Les yeux remplis d’incompréhension fixant le visage rougi de colère de ma mère, quelques larmes embuèrent ma vue alors qu’elle élevait la voix.
- Tout est de ta faute ! À cause de toi, je suis fichue ! T’es qu’une bonne à rien !
Je ne comprenais rien de son charabia. Qu’avais-je fait ? Que devais-je faire pour qu’elle me pardonne ? Devais-je vraiment faire quelque chose ?... Je n’eus pas le temps de répondre à ces questions que la porte claqua derrière elle. Et c’est ce jour-là, du haut de mes 6 ans, que je compris que je ne pouvais pas croire en le genre humain. Ils étaient tous la proie de leurs émotions – ces émotions qui étaient l’ennemi de tous.
Habillée d’un sweatshirt à capuche gris recouvrant ma tête, je rentrais au centre jeunesse après ma journée d’école ordinaire. C’était une vraie poisse comme train de vie, mais je me devais de suivre la routine, sans quoi les intervenants seraient sur mon dos. Je ne faisais pas vraiment attention aux nombreux va-et-vient m’entourant, ayant l’habitude de la foule. Je n'avais pas l’habitude non plus de répondre aux passants qui tentaient de m’accoster, mais cette journée-là fut différente. Un homme du nom de Ichigo Saitou m’aborda cette journée-là et cela changea le cours de ma vie.
- Jeune fille ! Un moment s’il vous plait !
- …
- S’il vous plait ! Je vois chez vous un potentiel énorme. Que diriez-vous de devenir une idole ? Notre recherchons des jeunes filles comme vous pour former un nouveau groupe !
- Une idole ? Moi ? Quelle bonne blague !
- Oui ! Vous avez la prestance d’une idole ! Nous aimerions…
- Une idole est aimée de tous. Moi, même mes parents ne m’aiment pas. Ils m’ont abandonné. Et puis, je ne pense pas être en mesure d’aimer mes fans, et l’inverse est tout aussi vrai. Ces mots que les idoles disent, « Je vous aime », je ne peux les dire franchement.
- Le mensonge est une qualité que tout idole doit posséder. Vous n’avez qu’à mentir pour dire « Je vous aime » et ils vous croiront.
- Même si c’est un mensonge… C’est correct de dire « Je vous aime » ?
- Bien sûr !
C’est donc ce jour-là que j’ai réalisé que le mensonge était la plus grande qualité qui soit, et qu’elle me permettrait peut-être de vraiment éprouver de l’amour… En le faisant croire aux autres. C’est aussi ce jour-là que j’intégrais le groupe B Komachi en tant que leader du groupe.
Je vécus plusieurs expériences en tant qu’idole, mais également en tant qu’adolescente. Mon manager fut fort désorienté en apprenant ma grossesse, mais je ne lui donnai guère le choix : mon enfant allait naître. Ou plutôt, mes enfants. Nous avons effectivement appris que j’attendais des jumeaux. Ces deux trésors nous forcèrent à mettre ma carrière en pause, loin du public. J’eus donc tout le temps de réfléchir à leur avenir.
Après la naissance d’Aquamarine et de Ruby, je repris peu à peu ma carrière d’idole, tout en jonglant avec mes responsabilités de jeune mère. Bien entendu, cela restait un fait caché du public : seuls mon manager et sa femme, Miyako Saitou, étaient au courant. Publiquement, ils étaient les enfants adoptifs du couple, et ce, afin de préserver ma réputation. Cela me convenait puisque je souhaitais poursuivre ma carrière. Malheureusement, si le public découvrait que j’étais mère, cela y mettrait fin.
Cela fait donc 3 ans que j’ai accouché, et je commence même à me faire connaître dans le monde des acteurs, jouant quelques rôles par-ci par-là.