Je suis née dans une famille ordinaire. Dès mon plus jeune âge, j’ai développé une passion pour la danse. Mes parents m’ont inscrit à des cours pour m'inculquer la rigueur et la discipline de cet art. À mes dix ans, j’ai commencé mes premiers cours de chant. J'avais le rêve de devenir une pop star internationale.
J’ai rejoint une compagnie en tant que recrue à 14 ans et à 16 ans, j'ai pu rejoindre mon premier groupe, les Faboulus 9, grâce à mon talent et mon acharnement. J'étais la plus jeune et j'ai eu de la difficulté à tisser des liens avec les neuf autres filles. Elles avaient des centres d'intérêts qui ne s'alignent pas avec les miens en dehors de la performance de groupe. Peu de temps après le lancement du groupe nous avons été invités sur le plateau d'un show télévisé pour une entrevue et une performance. À la fin de ceux-ci, je n'ai pas suivi le reste de mon groupe jusqu'à notre loge. J'étais trop curieuse quant à l'invité suivant. C'était un héros en pleine montée de célébrité. Il était beau, musclé, charismatique et généreux. Malgré mes 16 ans, je n'avais jamais eu d'intérêt pour les garçons avant. On m'avait toujours dit de me tenir loin d'eux. Si les médias surprenaient la moindre interaction, ça pouvait être mal interprété et nuirait à ma carrière. C’était une distraction que je ne pouvais pas me permettre, mais il n'y avait pas de mal à le regarder depuis les coulisses, non? J’étais curieuse quant à l’univers de la scène. À la fin de son interview, j’ai repris le chemin de la loge de mon groupe. Des pas se sont mis à me suivre et quand je me suis retourné, il était derrière moi, lui aussi en route vers sa loge j'imagine. Il m'a souri et le rouge est monté à mes joues. C'est à ce moment que je suis devenu sa proie.
— Sujet sensible - La portion de l’histoire sous spoiler touche des sujets sensibles : Abus sexuel, fausse couche et mal traitance psychologique. Vous pouvez sauter cette section et tout de même comprendre l’essentiel du personnage. —
- Spoiler:
Lorsque la porte referma derrière lui, je tremblais encore. Les larmes ne cessèrent de déferler sur mon visage et mon corps souffrait. Je pouvais sentir encore son souffle nauséabond sur mon cou et un haut de cœur me prit. Je me sentais sale, vide et complètement brisé. Dans ma tête, ses menaces résonnaient encore et j'avais peur qu'il ne revienne les mettre à exécution. Je replaça les vêtements qu'il avait soulevés tout en m'asseyant sur le divan. Je devais quitter cette loge... avant que je sois trop faible pour bouger. Chancelante, je me rendis vers le miroir pour regarder mon état. Mes yeux étaient rouges et bouffis. Mon maquillage avait coulé sans étonnement. J'effaça les traces noires sous mes yeux et passa une main dans mes cheveux pour camoufler mon visage. Dans ma tête, mes pensées venaient et allaient sans trop de liens. Je ne voulais pas rester dans cette pièce, mais l’idée d’affronter l’extérieure me terrorisait aussi. Si on me voyait, qu’allait-on dire ? Allait-on remarquer que je sortais de sa loge? Allait-on remarquer que j’avais fait ses choses ? Allait-on remarquer que j’étais une mauvaise fille ? Allait-on remarquer que j’étais mal ? Allait-on remarquer que j’avais été forcé?
Je filla à toute vitesse dans les couloirs pour rejoindre la loge attitrée à mon groupe. Devant la porte, j’eus des sueurs froides à l’idée que 8 regards se posent sur moi au même moment. Mais je n’avais pas le choix. Je devais m’habiller… Je devais enlever ses vêtements souillés. À l'intérieur, il ne restait heureusement qu'une seule de mes collègues qui terminait de remplir son sac.
- Tu en a mis du temps. Les autres sont déjà... Qu’est ce que tu as ? Tu as l'air malade... C'est le stress d'après spectacle qui t’a mis dans cet état?
Sans vraiment réfléchir, je lui répondis :
- Oui, j'ai vomi dans un couloir....
J'attrapa son sac et me rendis dans la salle de bain pour me changer même si au fond de moi, je savais qu’il allait me falloir plus que des vêtements de rechange pour me sentir mieux. Une fois à la maison, assise dans mon bain, incable de retirer la crasse qu'il avait laissé sur moi, je me repassais en boucle ses paroles. La peur me tenaillait. Ma carrière était fichue si ça s'ébruitait dans les magazines. Ce n'était pas un rencard innocent au cinéma avec un ami d'école... J’avais couché avec un inconnu sur un de mes lieux de travail. Que j’aie été consentante ou non, les médias allaient s’en foutrent. Qui me croirait de toute façon ? J'avais 16 ans et j'étais en quête de célébrité. On aurait tôt dit que je cherche l'attention. Et puis putin, il m'avait juré de me buter... Il avait menacé de me tuer si je parlais de cet évènement à quiconque... Un héros avait le droit de tuer? Il en avait la capacité en tous les cas... et puis quel choix j’avais...
Deux mois se sont écoulés et je n’avais toujours pas dit mot à quiconque. Je n’avais de toute manière personne à qui me confier. Toutefois, je commençais à m’inquiéter sur un autre sujet relié. Comme je n'avais pas eu mes règles depuis 3 mois, j'ai abordé le sujet avec une des membres de mon groupe avec qui on m’avait jumelé pour nos sorties. Des irrégularités menstruelles, ça arrivait pour différentes raisons selon Internet. Elle me confia que ça lui arrivait aussi avec le stress, les entraînements et la diète stricte qu'on nous imposait. Je me suis dis que ça devait être ça. Je veux dire qui tombe enceinte après sa première fois ?
Puis un jour, je me suis mis à avoir des douleurs intenses au ventre. Mon premier réflexe a été de me dire que j'avais enfin mes règles. Un tampon, deux acétaminophènes et on est parti pour 6 heures de pratique. L'exercice physique, c'est bon pour les crampes et ça empêche d’y penser trop. On m'a hospitalisé ce jour-là en craignant que j’aie fait une hémorragie interne. Mes parents et ma manager étaient présents lorsque l’on m’a annoncé que j’avais fait une fausse couche. Ils ont été très surpris vu que ça impliquait que j’étais enceinte avant. Je n’ai pas eu le temps de réfléchir à ce que j’allais dire. Les questions ont duré quelques secondes avant de devenir des insultes. Incapable de me défendre ou d’expliquer, je suis resté silencieuse. Ils ne sont pas revenus me voir pendant mon rétablissement. Quand on m'a autorisé à quitter l'hôpital, j’étais convaincu de devoir prendre un taxi, mais ma manager est apparue froidement dans l’entrée. Je savais par son visage dégoûté que les quelques jours n’avaient pas suffi pour calmer mon entourage. Dans la voiture, elle me demanda :
- Tu en as parlé à quelqu'un ? Une amie ? Une infirmière ?
- Non…
- Bien. Si ça devait se savoir, ça nuirait à la réputation du groupe entier. Ça serait plutôt égoïste de ta part, tu ne crois pas. Je suis très déçu de toi. Coucher comme ça avec le premier venu.
- Je ne voulais pas.
- Ça ne change rien. Ç'est de ta faute. Assume les conséquences.
Si un jour quelqu'un vous dit ça dans une situation similaire, sachez qu'il mérite de finir en enfer avec les autres connards. Mais à l'époque, je ne le savais pas. Je me suis contenté de pleurer et de m'excuser parce que je ne savais pas quoi faire de mieux.
Après ces événements traumatiques, ma compagnie a modifié les termes de mon contrat. Comme il ne voulait pas qu’on apprennent les raisons de mon exclusion comme j’étais encore mineure, ils m'ont retiré du groupe et transféré mon dossier d'idole dans une compagnie sœur au Japon en espérant qu’on m’oublie. Ils m’ont demandé de faire une publication pour expliquer que c’était à ma demande. Ça tombait somme toute à pic parce que mes parents m'avaient reniée durant ma période à l’hôpital. Je n’avais nulle part où aller. J'ai fait mes bagages et je suis partie me reconstruire au Japon toute seule. Si vous vous dites que je devais être bouleversé de me retrouver seule et isolée dans un nouveau pays, sachez que j’étais déjà seule et isolée dans mon propre pays. Sans ne changeait pas grand-chose.
À mon arrivée au Japon, ma nouvelle manager n’a accueillie à bras ouvert. Tout ce qu’elle savait sur moi était que j’avais été une bonne recrue, mais que j’avais eu des problèmes de santé récemment classés confidentiels. Elle m’a rassurée en me disant qu’elle serait compréhensive si je n’arrivais pas à être au top de ma forme dès le début, mais que j’allais devoir repasser au stade recrue dans la compagnie dû à mon jeune âge. Pour la première fois de ma vie, je me suis senti libre. J’ai pu danser pour moi et non pour répondre à des attentes. Ça n’a pas duré très longtemps, parce qu’après tout c’est un métier exigeant. Ça coûte de l’argent à des gens de me faire danser et chanter. Toutefois, ça restait amusant. J’ai fait des rencontres qui ont changé ma vie pour le mieux. J'ai appris à me construire des défenses derrière une personnalité enjôleuse et rebelle. J’ai beaucoup réfléchi sur ce qui m’est arrivé. J'ai repris confiance en moi et me suis réapproprié mon corps et ma sexualité. À 20 ans, on m'a donné la chance de rejoindre un nouveau groupe de pop. J'étais beaucoup plus mature et consciente. Et surtout, j'étais armé et prêt à m'en servir pour défendre mes amies grâce à des cours d’art martiaux et d’auto-défense. Je ne laisserais jamais personne vivre la même détresse que moi. Je me suis fait une réputation dans le milieu de la musique en tant que vocaliste principale et mon groupe a connu un succès rapide grâce à une chanson virale.
Voilà, vous savez désormais comment je suis devenue une idole. Mais vous vous demandez peut-être comment je suis devenue une vilaine.
Ma psychologue m'a recommandé un jour d'écrire des lettres à mon violeur et aux autres personnes qui m'ont fait du mal. Elle m'a aussi dit de les brûler. Ça été le kiffe de ma vie de les entendre agoniser. Surtout ce héros pathétique…Dire que j’ai eu peur de lui aussi longtemps. Par contre après, je ne sais pas quoi faire des lettres ni de ma psy. J’ai mis les lettres dans une boîte et fait disparaître ma psy. Elle en savait trop…J'ai rencontré Giran, un courtier particulier, dans une soirée. Il a beaucoup de connaissances dans le milieu de la pègre. Il m'a tout de suite compris quand je lui ai dit que je détestais les héros et leur monde de mensonges. Il m’a présenté à des gens avec les mêmes centres d’intérêt. C’est comme ça que j’ai rejoins un groupe de vilains : la ligne des vilains. J'ai pris le pseudonyme de VIPER à ce moment.